Yume, one-shot by Maxi

Yume



- "Pourquoi ?"

- "Parce que c'est la seule solution. Et tu le sais."

Je veux paraître indifférente mais je sais que ma voix tremble, laissant transparaître ma panique. Par contre, la tienne est parfaitement calme. Peut-être un peu triste... Oui, un voile de tristesse que tu essayes de dissimuler par un de tes doux sourires. Mais ce dont nous parlons est beaucoup trop important pour que je te laisse m'amadouer de cette façon.

- "C'est faux, et tu le sais aussi bien que moi !"

J'essaye d'être en colère mais le résultat n'est pas bien convaincant. Ma voix est ténue, faible, chevrotante. Mes yeux sont emplis de larmes brûlantes. Mais je ne pleurerai pas. Je ne veux pas te montrer à quel point ta décision m'affecte et me bouleverse.

- "Je suis sûre qu'il y a... une autre solution..."

- "Il n'y en a pas d'autre. Et puis ce sera mieux pour tout le monde."

- "Comment peux-tu dire une chose pareille !?"

Je sais que mes yeux se sont fait suppliants mais je ne peux m'en empêcher. Rivant mon regard au tien, j'y vois encore une chance de te convaincre.

- "Tu veux aller là où l'on oublie tout et tu crois que tout finira bien !? Mais comment veux-tu que ce soit le cas alors que tu ne te souviendras plus de rien ! Alors que tu oublieras tout : ta famille, tes amis... Alors que tu m'oublieras, moi..."

Je crois que mes yeux doivent être brillants de larmes parce qu'une vague de douleur traverse ton beau visage finement ciselé par une main divine. Ou peut-être est-ce la panique dans ma voix... Peut-être les deux remarque. Ton regard cherchant le mien se fait si rassurant que je voudrais vraiment croire en tes paroles.

- "Je n'oublierai jamais aucun d'entre vous, et surtout pas toi puisque c'est pour toi que je le fais, pour ne plus te voir souffrir. Ton souvenir sera à jamais gravé en moi et ce, quel que soit l'endroit où j'irai. Mais toi... avec le temps, toi tu m'oublieras..."

Oui, je voudrais tellement y croire. Mais tes paroles me font mal, si mal...

- "Comment peux-tu dire ça !? Comment peux-tu croire que je t'oublierai un jour !? Ne serait-ce même qu'une seule seconde !? Ton souvenir me hantera à jamais car je me sentirai toujours responsable de..."

- "Tu n'es responsable de rien car c'était mon destin. Je n'aurais pas pu vivre indéfiniment de cette manière..."

- "Peut-être... Mais tu m'oublieras car rien ne subsiste là où l'on oublie tout. Rien. Aucun souvenir, aucune sensation, aucune émotion, aucune vie... Tu m'oublieras alors que je vivrai dans ton souvenir et dans la culpabilité pour toujours..."

- "Non, je ne t'oublierai pas, je te le promets. Rien ne pourra effacer ton souvenir de ma mémoire ni de mon cœur. Rien ! Et même si toi non plus tu penses ne jamais m’oublier, je suis certain que tu finiras par trouver le véritable bonheur que tu mérites."

Pourquoi te montres-tu si cruel avec moi ? Mais peut-être ne te rends-tu pas compte que ta gentillesse me détruit et me brise lentement... Pourquoi Dieu t'a-t-il fait ainsi ? Pour que je puisse t'aimer, sans aucun doute. Mais pour quoi faire si c'était pour que cela se finisse de cette façon ? C'est parfaitement injuste. D'ailleurs, ce que tu me demandes est injuste. Injuste, cruel et égoïste.

- "Comment espères-tu que je puisse trouver le bonheur dans ces conditions ?"

- "Tu le trouveras, c’est une certitude. Parce que tu le mérites plus que quiconque."

- "Mais... Mais... Pourquoi en arriver à cet extrême ? Et pourquoi moi ?"

Non, je ne pleurerai pas ! Je ne pleurerai pas ! Je vous en prie, mes larmes, ne coulez pas... Je vous en prie... Ma voix, arrête de trembler de cette façon... Je n'ai pas le droit...

- "C'est parce que tu es la personne le plus importante à mon cœur. C'est avec toi que j'ai toujours envie d’être. C'est toi qui emplis chaque seconde de mon existence. C'est à tes côtés que je veux me réveiller le matin..."

- "Alors... Pourquoi... ?"

- "Tu es aussi la dernière personne que je veux avoir auprès de moi avant de partir là où l'on oublie tout, comme tu nommes cet endroit."

Je porte ma main à ma bouche, retenant avec peine un sanglot désespéré. La tristesse me submerge et mes yeux me brûlent horriblement. Mais je sais que je ne suis pas la seule à souffrir. Je sais que pour toi, prendre cette décision n'a pas été facile. Et je sais aussi que tu ressens la même chose que moi en ce moment alors tu regardes la nuit étoilée d'un air rêveur. Je comprends à cet instant que je ne pourrai aller à l'encontre de ta volonté.

Tu te penches alors vers moi et tu viens chercher mes lèvres avec douceur, les capturant avec les tiennes, m'accordant ainsi ton dernier baiser, ton dernier souvenir. Malheureusement, le premier rayon de soleil de l’aube fait son apparition, venant caresser ton beau visage comme pour te saluer une dernière fois. Rien dans ton attitude ne laisse croire que tu en sens la chaleur sur ta joue mais ce signe me prouve que le moment est arrivé.

Ma main droite tâtonne dans le vide cherchant quelque chose, même si j’ignore quoi. Puis mes doigts viennent caresser le métal glacé d'une lame de couteau. La différence de température avec ton corps chaud est si différente qu'un frisson me parcourt la colonne vertébrale tandis que ma main hésite. Tout mon corps hésite... Mais finalement, mes doigts se crispent sur le manche et la lame en mouvement se dirige inexorablement vers toi, toi que j'aime tant. D'un geste à la fois vif, précis mais doux, j'enfonce la pointe de mon arme dans ta poitrine, réalisant ainsi ton souhait.

Je te sens tressaillir, sûrement à cause de la douleur. Mes yeux sont fermés et je ne vois pas ce que je fais. Je n'en ai pas besoin. Et puis je ne veux pas voir ça, c'est au-dessus de mes forces. Je ne veux pas me voir en train de t'ôter la vie à toi qui es la mienne. Mes lèvres toujours pressées contre les tiennes, je laisse un murmure m'échapper.

- "Je t'aime, Maxi. Et je t'aimerai toujours."

Tu te redresses et je sais que tu as entendu. J'ouvre les yeux, des yeux gonflés, et je sens que je ne pourrai plus retenir mes larmes de douleur bien longtemps. Tu me regardes alors avec une expression que je ne t'avais encore jamais vue. Tu me parais si serein, si beau, si... Ton sourire est le plus magnifique et le plus doux de tous ceux que tu m'aies fait... Je sais que tu es heureux, mais j'ai si mal...

Puis, alors que le soleil inonde de sa chaleur et de sa lumière la pâle clarté de l'aurore, ton corps commence à se désagréger, comme s'il tombait en poussière. Malgré la panique et la souffrance qui m'habitent, je te trouve plus beau que jamais et malgré moi je suis heureuse pour toi. Je sais que tu pars loin de moi mais aussi que tu ne souffriras plus. Tu reposeras en paix, sans tourments, pour l'éternité.

Je ne te distingue maintenant plus qu'à peine. Mirage aux contours indécis, tu n'es plus qu'une simple volute. Je ne peux plus retenir mes larmes. Et, longtemps après que tu te sois complètement dissous sans l'aube rosée, je pleure encore. Seuls résonnent à mes oreilles les derniers mots que tu m'as soufflés.

‘Je t'aime, Sayome, pour toujours et à jamais.’



‘Sayome... Sayome... Sayome !’

Une main secouant doucement mon épaule me fait ouvrir les yeux. Je me redresse lentement, apeurée de me retrouver dans une pièce entièrement blanche, où trônent des machines et des lits vides, alors que j’étais, il y avait un instant encore, dehors avec pour dernier compagnon le soleil levant. Cet endroit m’effraye, je ne sais pas pourquoi. Je veux sortir, je veux retourner là où...

- "Sayome, est-ce que ça va ? Tu gémissais dans ton sommeil, comme si tu faisais un mauvais rêve."

Tournant la tête, je le vois, une pile d’oreillers soutenant son dos, des tas de fils reliés de ses bras à diverses machines ronronnantes. Comment est-ce possible ? Pourquoi est-il là ? Et comment... ? Soudain je me rappelle et la réalité se fait douloureuse à mon cœur encore meurtri par mon rêve. Parce que tout cela n’avait été qu’un rêve. Nous n’étions pas dehors sous le ciel étoilé et je ne t’ai pas ôté la vie à la lumière naissante de l’aube avec un couteau sorti de nulle part. Non. Nous sommes ici, à l’hôpital. Pour te soigner et apaiser la maladie qui te ronge, même si les médecins ne sont guère optimistes face à une éventuelle amélioration. Le cancer te consume petit à petit et le seul soulagement qu’ils peuvent t’apporter, ce sont diverses drogues censées t’apaiser...

Alors finalement, ta délivrance n’a été que factice pour moi. La douleur de t’avoir perdu est maintenant remplacée par celle de te voir souffrir alors qu’une grimace crispe ton visage. Mais tu te ressaisis et me souris bravement, courageux et battant, comme toujours.

- "Tu es sûre que tu vas bien, Sayome ? Je te trouve un peu pâle. Tu devrais rentrer à la maison pour te reposer un peu et..."

Je me jette dans tes bras et enfouis ma tête au creux de ton cou, respirant ton parfum et sentant ton corps contre le mien. Après un instant d’hésitation, tu me rends mon étreinte. Je laisse alors un léger murmure chatouiller ton oreille.

- "Je vais bien. Parce que je t’aime Maxi, et parce que je t’aimerai toujours."

- "Je t’aime aussi Sayome. Pour toujours et à jamais."

Je souris. C’est comme dans mon rêve. Il ne manque plus qu’un ciel étoilé et une aube naissante. Et le silence. Le ronronnement des machines m’exaspère ainsi que les bips continuels de l’une d’entre elle. Si ça s’arrêtait, tout serait parfait. Les médecins arrêteraient de t’abrutir de médicaments qui ne font plus aucun effet et le cancer cesserait de t’enlever à moi un peu plus chaque jour. Je t’aime Maxi, et je veux que nous restions ensemble. Pour toujours et à jamais. Unis dans la vie... comme dans la mort.



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Certains se souviendrons peut-être de ce One-shot que j'avais posté quelques temps avant de le forum soit mit à jour... Ce doit être celui pour lequel je me suis le plus donné à écrire, jusqu'à maintenant. Je vous rassurent, il m'arrive parfois de le mettre sur d'autres forums, et de changer les noms des deux personnages. ^^

... c'est vraiment beau ... j'aimerai écrire comme ça ...

en tout cas bravo pour ce one-shot il est vraiment bien =)

À la base, je l'avais écris pour un concours que je n'ai pas gagné. ^^

M'enfin, j'avais jamais aussi bien que cette fois là.

Bah les juges devaient être bigleux alors ... ou ne savaient pas lire XD

enfin le texte est super beau je ne me lasse pas de le lire^^

Peut-être un peu trop dur à comprendre, ou quelque chose comme ça.

Bah... Le passé est le passé, après tout. ^^